dimanche 4 novembre 2012

Réflexions concernant le réflecteur

Sur le réflecteur

Le réflecteur ne fait que réfléchir par l’expression de son opinion les informations externes des medias et d'autres sources de connaissances qui lui sont apportées, après les avoir intégrées à sa manière et selon son propre vécu dans la structure de son esprit. Cette intégration de nouveaux éléments se fait par la création de liens avec les informations structurées déjà contenues dans la toile cognitive du réflecteur. Toute perception peut mener à une reconfiguration, du moins partielle, de la toile cognitive du réflecteur. Mais elle peut aussi contribuer à une corroboration (dans le sens de Karl Popper) de l’existant. Ceci peut entraîner la nécessité de reconsidérer la position de certains éléments existants et/ou de les repositionner le cas échéant s’ils restent pertinents dans une autre configuration. Il se peut aussi que des éléments existants seront éventuellement éliminés de la structure cognitive active, ces éléments transfigurés pouvant cependant rester d'une certaine manière en stand-by pour servir ultérieurement d'input possible dans le cadre de nouvelles considérations. On est parfois étonné des trésors de l'inconscient quand des idées surgissent en catimini aux moments les plus inattendus et aux endroits  les plus surprenants.

Afin de ne pas se figer dans une structure en se fermant aux informations externes, le réflecteur a intérêt à élargir les domaines de ses connaissances afin d'adapter et d'enrichir en permanence sa toile cognitive. Dans ce sens, le réflecteur doit aussi communiquer ses positions afin de susciter des feedbacks de ses correspondants en vue de mettre sa toile cognitive à l'épreuve (le fameux avocat du diable) et de la réarranger sur base des nouvelles informations résultant de critiques ou de remarques jugées comme pertinentes. Le réflecteur peut ainsi prendre les précautions nécessaires afin de ne pas s'enfermer dans un espace interne confiné, l'empêchant d'évoluer en fonction de l'évolution de son environnement.

Aussi le réflecteur ne peut espérer de ne faire confiance qu'à ses réflexions confinées dans une toile interne figée en renonçant à de nouvelles informations externes, croyant qu'il peut tout trouver par lui-même. Il risque de s'appauvrir rapidement. Les processus cognitifs (analogie, déduction, induction, transduction et autres) ont besoin de matières pour créer de nouvelles connaissances. Bref, le cerveau a aussi besoin de connaissances pour pouvoir évoluer. Rien ne vient de rien. Beaucoup de nouvelles connaissances résultent d'un nouveau réarrangement des éléments existants en leur découvrant de nouvelles propriétés et relations. Certaines inventions/innovations n'auraient pu être trouvées s'il n'y avait eu un certain état de connaissances disponibles au moment de leur découverte. La nouvelle structure/connaissance trouvée suscite l'"Eureka" attribué à Archimède (lors de la découverte du fameux "principe d'Archimède ou poussée d'Archimède").

Il ne faut cependant pas confondre « accès aux informations et disponibilité immédiate» (par le WEB par exemple) avec « Savoir et connaissances structurées » (pouvant se développer par l’intégration d’apports externes). Citons dans un contexte analogue Maryanne Wolf dans l’article « Pourquoi nous ne lisons plus comme avant » (philosophie Magazine, mensuel n° 62 de septembre 2012) :

« Les individus doivent être capables d’affronter la contradiction, la complexité. Je crains que l’immédiateté de l’information, l’absence de travail ne produisent des individus qui ne sont plus motivés, peu conscients de la nécessité d’intérioriser une discipline d’analyse critique et de pensée par inférence. On a vu que le principe proustien consisterait à relier ce que vous lisez à vos propres pensées, pour aller au-delà du texte. Mais qu’en est-il lorsque vous ne disposez plus de connaissances en vous-même. Je suis inquiet de voir les individus devenir de plus en plus dépendants du savoir extérieur. »

Le réflecteur doit accepter avec humilité de ne jamais pouvoir disposer d'un savoir absolu parce que les connaissances à sa disposition ne peuvent être que partielles pour des raisons de temps, faisant défaut pour assimiler toutes les connaissances existantes et augmentant aujourd'hui à des vitesses exponentielles. Ses réflexions ne peuvent donc être que subjectives et incomplètes parce que l'assimilation de connaissances est aussi soumise pour une certaine part au hasard de sa vie, certaines informations lui étant plutôt disponibles que d'autres selon les situations du moment. Outre les limites d'absorption d'information et de connaissances dues au temps, il faut accepter que les capacités d'absorption et d’intégration cognitive d'informations du cerveau connaissent aussi des limites, plus ou moins grandes selon les personnes concernées. S'il y a bien des génies, il y en a d'autres où l'absorption et l'assimilation est plus laborieuse. Ajoutons que l'âge n'arrange rien en ce qui concerne les capacités d'absorption du cerveau.

Cette humilité l'oblige à adopter une attitude ouverte d'écoute afin d'être en permanence à l'affût de nouvelles connaissances éventuellement pertinentes. Les réflexions ne peuvent donc être que subjectives et limitées avec tous les aléas que cela comporte.

1 commentaire:

  1. Si on ne s'est jamais dopé au cannabis (lequel, consommé avant l'âge de 25 ans, lèse le cerveau toujours en croissance jusqu'à cet âge-là, par des dysfonctionnements de la mémoire de travail, dégâts définitifs, donc rend son porteur plus stupide qu'il ne serait sans cela, amoindrit la fertilité, diminue la température corporelle et handicape la croissance osseuse du consommateur tout en diminuant les douleurs, c'est vrai, du cancéreux (raison pour laquelle je serais pour une fois d'accord avec le bon Dr. Colombera député qui prône sa prescription médicale), sans parler du lit qu'il préparerait chez certains qui s'y jetteront dans les bras de drogues de plus en plus dures et addictionnelles, notions fortement contestées il y a 40 ans par les tenants de la drogue pour tous, mais semblant acquises aujourd'hui) eh bien le cerveau, même si prétendûment il n'utiliserait à l'ordinaire que 10% de son potentiel, ce qui est une légende, ne diminue pas avec l'âge en capacité d'absorption de nouvelles connaissances, sauf évidemment mauvais métabolisme des substances béta et tau-amyloïdes: Alzheimer, c'est pas de chance, et démences artérielles non plus!
    Mais de toute façon l'explosion des connaissances est telle que les temps du savant universel capable de discourir de omni re scibile et quibusdam aliis (de toutes choses connaissables et encore plusieurs autres...) sont révolus. Nous devons désormais nous faire confiance les uns aux autres et n'avons plus de possibilité de vérifier nous-mêmes la réalité de ce qu'on nous raconte, particulièrement en sciences.La liberté d'opinion, c'est excellent, mais à cet égard elle nous fait une belle jambe. Or tant que les systèmes explicatifs fonctionneront de façon satisfaisante, cohérente et sans couacs, devrions-nous vraiment nous méfier des sciences? Exemple: le boson de Higgs, expérimentalement confirmé par dessus le marché! Bel exemple, non? NH

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