mercredi 21 mai 2014

Collecte de formulations / énoncés intéressants

Il y a certaines formulations qu'on trouve intéressantes et qu'on voudrait garder sous la main, soit pour se les rappeler (ou ne pas les oublier) à cause de leur pertinence, soit pour s'en inspirer à certaines occasions. Même si elles semblent pertinentes pour des raisons personnelles, on s'imagine, à tort ou à raison, que d'autres pourraient les trouver également pertinentes.



David Graeber : "Aristokraten leisten nichts Besonderes. Sie verbringen ihre Zeit meistens damit, in einem Zustand mutmasslicher Überlegenheit zu existieren."

Cioran : De l’inconvénient d’être né

  • Ce n’est pas la peine de se tuer, puisqu’on se tue toujours trop tard.
  •  Que faites-vous du matin au soir ? – Je me subis.
  • La vieillesse est l’autocritique de la nature.
  • Ayant toujours vécu avec la crainte d’être surpris par le pire, j’ai, en toute circonstance, essayé de prendre les devants, en me jetant dans le malheur bien avant qu’il ne survient.
  • La connaissance de soi, la plus amère de toutes, est aussi celle qu’on cultive le moins : à quoi bon se surprendre du matin au soir en flagrant délit d’illusion, remonter sans pitié à la racine de chaque acte, et perdre cause après cause devant son propre tribunal.
  • Quand il m’arrive d’être occupé, je ne pense pas un instant au sens de quoi que ce soit, et encore moins, il va sans dire, de ce que je suis en train de faire. Preuve que le secret de tout réside dans l’acte et non dans l’abstention, cause funeste de la conscience.
  • L’unique confession sincère est celle que nous faisons indirectement - en parlant des autres.
  • Nous n’adoptons pas une croyance parce qu’elle est vraie (elles le sont toutes), mais parce qu’une force obscure nous y pousse. Que cette force vienne à nous quitter, et c’est la prostration et le krach, le tête-à-tête avec ce qui reste de nous-même.
  •  Si c’est le propre du sage de ne rien faire d’inutile, personne ne me surpassera en sagesse : je ne m’abaisse pas même aux choses utiles.
  • Si on avait pu naître avant l’homme.
  • Nous avons perdu en naissant autant que nous perdrons en mourant : tout.
  •  « Ne juge personne avant de te mettre à sa place. » Ce vieux proverbe rend tout jugement impossible, car nous ne jugeons quelqu’un que parce que justement nous ne pouvons nous mettre à sa place.
  •  Que ne puis-je dire avec ce rabbin hassidique : « La bénédiction de ma vie, c’est que jamais je n’ai eu besoin d’une chose avant de la posséder ! »
  • En permettant l’homme, la nature a commis beaucoup plus qu’une erreur de calcul : un attentat contre elle-même.
  •  Le problème de la responsabilité n’aurait de sens que si on nous avait consulté avant notre naissance et que nous eussions consenti à être précisément celui que nous sommes.
  •  Le moine errant, c’est ce qu’on a fait de mieux jusqu’ici. En arriver à n’avoir plus à quoi renoncer ! Tel devrait être le rêve de tout esprit détrompé.
  •  Le scepticisme est l’ivresse de l’impasse.
  • Il faudrait se répéter chaque jour : Je suis l’un de ceux qui, par milliards, se traînent sur la surface du globe. L’un d’eux et rien de plus. Cette banalité justifie n’importe quelle conclusion n’importe quel comportement ou acte : débauche, chasteté, suicide, travail, crime, paresse ou rébellion. … D’où il suit que chacun a raison de faire ce qu’il fait.
  • L’homme accepte la mort mais non l’heure de sa mort. Mourir n’importe quand, sauf quand il faut que l’on meure !
  • Chaque génération vit dans l’absolu : elle se comporte comme si elle était parvenue au sommet, sinon à la fin, de l’histoire.
  •  N’a de convictions que celui qui n’a rien approfondi.
  • Avec du sarcasme, on ne peut faire son salut, ni aider les autres à faire le leur. Avec du sarcasme, on peut seulement masquer ses blessures, sinon ses dégoûts.
  • On opte, on tranche aussi longtemps qu’on s’en tient à la surface des choses ; dès qu’on va au fond, on ne peut plus trancher ni opter, on ne peut plus que regretter la surface…
  • Dieu : une maladie dont on se croit guéri parce que plus personne n’en meurt.
  • Toute réussite, dans n’importe quel ordre, entraîne un appauvrissement intérieur. Elle nous fait oublier ce que nous sommes, elle nous prive du supplice de nos limites.
  • Le dernier pas vers l’indifférence est la destruction de l’idée même de l’indifférence.


Odo Marquard : "Am besten ist es, nicht geboren zu sein ; doch - wem passiert das schon !"


Save Water, drink wine

Marcel Conche : Vivre et philosopher
  • Qu’est-ce que bien écrire ? Pour un philosophe, je dirai que c’est avoir le respect du lecteur : c’est donner de l’attrait, de l’agrément, à un difficile chemin de pensée ; c’est ménager au lecteur non de l’ennui – ou le moins possible – mais de la joie. « Un philosophe a droit au style ». dit Michel Serres. « Droit » au style ? Je parlerais plutôt de « devoir ». Les philosophes français, de Montaigne à Main de Biran, puis à Bergson ou Alain, Camus ou Sartre, ont eu le souci du style, lors même qu’ils n’entendaient pas faire œuvre d’écrivains. C’est aussi mon souci, et il se ramène à ceci : que personne ne s’aperçoive que j’ai un style, que les mots disparaissent, se fassent oublier, ne soient plus que les révélateurs discrets, invisibles de la pensée. Car le langage n’a, bien entendu, pas de sens en lui-même – sinon il y aurait un sens à parler pour parler.

  • ·        … au milieu de la douceur et des parfums de l’été, le bonheur tout simplement naissait, comme s’il était la production spontanée de la vie, lorsque, par chance, rien ne s’oppose à ce que, pour un court laps de temps, on vive sans avoir autre chose à faire que vivre.

  • Ce qui s’oppose à mon bonheur est ma réaction de tristesse, d’affliction et de compassion à tous les drames humains. Le malheur des autres, mais surtout des opprimés et des faibles, est le mien aussi. Il n’en aurait pas été de même jadis, où l’ignorance de ce qui pouvait se passer dans le monde m’eût protégé. Si certains sont inaptes au bonheur, on en voit maintenant les raisons. On voit le secret des heureux. Qu’ils échappent au malheur et les voilà heureux. Le bonheur comme chance (eutychia) suffit à leur bonheur comme satisfaction (eudaimonia). Ou encore : ils vivent leur bonheur négatif (absence de malheur) comme un état positif. Quel est leur secret ? Simplement, ils sont tout à la vie présente, à la richesse plénière du moment : ni l’avidité, ni l’insatisfaction ne les jette en avant d’eux-mêmes vers l’avenir, ni la pensée des autres ne les transporte sans cesse ailleurs. Bref, le secret des heureux est la sagesse : la simple sagesse conseille de ne pas gâcher le présent.

  • Contempler, c’est refuser d’intervenir dans le monde ; c’est laisser libre ce qui est au monde ; c’est se perdre dans l’admiration de ce monde, riche au-delà du monde humain, de mondes innombrables.
  • Je pense au monde comme n’ayant ni cause (explicative), ni fin (telos), ni modèle, ni fond caché, et, à chaque instant, comme venant de naître. Il n’y a pas d’arrière-monde, et le monde ne recèle aucun mystère. Il est lui-même le mystère. Ce mystère est si voyant qu’il faut l’homme pour ne pas le voir. Car l’homme ne voit que l’homme.
  • On retrouve (alors) l’expérience souvent décrite de la fugacité de toute chose, de la « fuite du temps » - expression trompeuse puisque, au contraire, alors même que rien d’autre ne dure, le temps est toujours là, éternellement là.
  • Il  reste que les œuvres de l’homme mourront avec l’espèce, et il  en va de même de tout ce qu’il y a eu sous le soleil, de sorte qu’un jour tout sera comme s’il n’y avait jamais rien eu. Pourtant, il faut créer. Là est la grandeur de l’homme : non pour que ce qu’il créera ne périsse pas – il n’en est d’ailleurs pas maître -, mais pour que cela ne mérite pas de périr.


Horace (carmina) :
  • Quem fors dierum cumque dabit, lucro adpone / Jeder Tag, den das Schicksal dir schenkt, verbuche als Gewinn

Monty Phyton :
  • You come from nothing, you're going back to nothing - what have you lost ? Nothing!

Allein sein, Einsamkeit :
  • Arthur Schopenhauer : "Was die Menschen gesellig macht, ist ihre Unfähigkeit, die Einsamkeit, und in dieser sich selbst zu ertragen."
  • Jean-Paul Sartre : "Die Hölle, das sind die anderen (l'enfer, c'est les autres)."
  • Willhelm Busch : "Wer einsam ist, der hat es gut, weil keiner da, wer ihm was tut"
    • Greta Lührs : "Der Umkehrschluss ist nur, dass einem auch keiner etwas Gutes tun kann"
  •  Hermann Hesse : "Nur im Alleinsein können wir uns selber finden. Allein sein ist nicht Einsamkeit, sie ist das grösste Abenteuer."

Bertrand Rusell : "De la fumisterie intellectuelle"
  • Conseils pour se soustraire aux opinions ineptes auxquelles les hommes ont tendance :
    • Penser savoir quand on ne sait pas est une erreur fatale, à laquelles nous sommes tous enclins. Si la question peut être élucidée par l'observation, observez de vos propres yeux. Aristote aurait pu éviter l'erreur de croire que les femmes ont moins de dents que les hommes s'il s'était donné la peine de demander à Madame Aristote d'ouvrir la bouche et s'il s'était mis à compter. S'l ne l'a pas fait, c'est qu'il croyait savoir.
    • Même si, comme la plupart de vos semblables, vous avez des idées bien arrêtées, il est toujours possible de prendre conscience de vos propres préjugés. Si la moindre contradiction vous met en colère, c'est qu'inconsciemment vous vous savez incapable de justifier l'opinion que est la vôtre. ... Quand une divergence d'opinion vous irrite, méfiez-vous: vous verrez peut-être, après examen, que votre croyance va au-delà de ce que justifient les preuves.
    • Avec un peu d'imagination, vous pouvez polémiquer avec un interlocuteur qui défend un préjugé différent du vôtre. Ce dialogue fictif présente un avantage et un seul par rapport à la polémique réelle : il n'est limité ni dans le temps ni dans l'espace. ... Il m'est arrivé d'être amené à changer d'avis en conséquence de ce genre de dialogue imaginaire ou, au moins, de devenir moins dogmatique et arrogant en pesant les arguments d'un hypothétique adversaire.
    • Méfiez-vous des opinions qui flattent votre amour-propre.
  • J'admire tout particulièrement une prophétesse établie près d'un lac dans le nord de l'État de New York vers 1820. Ayant déclaré à ses nombreux disciples qu'elle avait le pouvoir de marcher sur l'eau, elle se proposa d'en faire la démonstration. Le jour dit, ses fidèles affluèrent par milliers autour du lac. Elle prit la parole et leur demande : "Croyez vous vraiment que je puisse marcher sur l'eau ?" Ses disciples acquiescèrent d'une seule voix. "Dans ce cas, annonça-t-elle, il n'est pas nécessaire que je le fasse." Sur ce, ils s'en retournèrent tous chez eux fort édifiés.

Jacques Attali : Construire un avenir en réinventant le passé

Ludwig Wittgenstein : Der Tod ist kein Ereignis des Lebens. Den Tod erlebt man nicht.

Epikur an Menoikeus :"Gewöhne dich daran zu glauben, dass der Tod keine Bedeutung für uns hat. Denn alles, was gut, und alles, was schlecht ist, ist Sache der Wahrnehmung. Der Verlust der Wahrnehmung aber ist der Tod. Daher macht die richtige Erkenntnis, dass der Tod keine Bedeutung für uns hat, die Vergänglichkeit des Lebens zu einer Quelle der Lust, indem sie uns keine unbegrenzte Zeit in Aussicht stellt, sondern das Verlangen nach Unsterblichkeit aufhebt. […] Das schauerlichste aller Übel, der Tod, hat also keine Bedeutung für uns; denn solange wir da sind, ist der Tod nicht da, wenn aber der Tod da ist, dann sind wir nicht da."

Horace : Carpe diem (quam minimum credula postero) = Cueille le jour présent (sans te soucier du lendemain)

Edgar Morin (La Voie)
  • Il y a effectivement toujours quelque distance entre l'événement et la conscience de sa signification : la connaissance est en retard sur l'immédiat.
  • La finance est devenue un bateau ivre, déconnectée des réalités productives
  • La croissance est conçue comme le moteur évident et infaillible du développement, et le développement comme le moteur évident et infaillible de la croissance. Les deux termes sont à la fois fin et moyen l'un de l'autre. Or, comme l'a dit Kenneth Boulding : "quiconque croit qu'une croissance exponentielle peut durer toujours dans un monde fini est ou fou ou un économiste.
  •  Le développement est un voyage qui comprend plus de naufragés que de passagers.
  • La liberté seule détruit l'égalité, l'égalité imposée détruit la liberté.
  • Le capitalisme ne crée pas seulement un producteur pour le consommateur, mais il crée aussi un consommateur pour le producteur.
  • L'obsession permanente du profit devient une intoxication où l'argent, de moyen, devient fin.
  • L'intoxication automobile :

 Patrick Viveret
  •     Autrefois, ce qui avait de la valeur n'avait pas de prix ; aujourd'hui, ce qui n'a pas de prix n'a pas de valeur.
Rita Levi-Montalcini :
  • Donnez de la vie à nos jours plutôt que des jours à notre vie.
Antonio Machado :
  • Toi qui chemines, il n'y a pas de chemin. Le chemin se fait en marchant.







                                                                     

dimanche 30 mars 2014

Prolongements de l'article "Sur le réflecteur"

Le livre du philosophe Peter Bieri "Wie wollen wir leben? va bien plus loin que mes réflexions personnelles sur le réflecteur, sans cacher que ce professionnel de la réflexion (un philosophe, c'est bien ça?) présente bien mieux certains aspects que je ne le pourrais. Le présent message a pour but de rendre attentif à ce livre.

Afin de faire l'économie d'en parler moi-même, j'ai pris le chemin le plus facile en copiant ci-après deux commentaires de lecteurs ayant acquis le livre chez Amazon.

Les reférences sont les suivantes :

·  Broschiert: 93 Seiten
·  Verlag: Residenz; Auflage: 6 (6. September 2011)
·  Sprache: Deutsch
·  ISBN-10: 3701715637
·  ISBN-13: 978-3701715633
·  Größe und/oder Gewicht: 22 x 14 x 1,2 cm
 


Commentaires : 
 
Rezension bezieht sich auf: Wie wollen wir leben? (Broschiert)
In der regelmäßig im Residenz Verlag publizierten Reihe "Unruhe bewahren" hat der emeritierte Philosophieprofessor Peter Bieri, der unter dem Namen Pascal Mercier bemerkenswerte Romane ("Nachtzug nach Lissabon" und "Lea" etwa) veröffentlichte, vom 21. - 23. März 2011 im Kulturzentrum bei den Minoriten in Graz drei philosophische Vorlesungen gehalten. die nun unter dem Titel "Wie wollen wir leben?" einer breiteren Öffentlichkeit zugänglich gemacht werden.

Drei aufeinander aufbauende Fragestellungen haben ihn dabei beschäftigt:

1. Was wäre ein selbstbestimmtes Leben?
2. Warum ist Selbsterkenntnis wichtig?
3. Wie entsteht kulturelle Identität?

Ein selbstbestimmtes Leben, wie er es beschreibt, ist ohne eine gewisse Anstrengung nicht zu erreichen. Denn es geht darum, sich selbst zum Thema zu werden, zu lernen, sich in sich selbst auszukennen, sich sozusagen auf die eigene Spur zu bringen, und dann - und das ist extrem wichtig- sich selbst zur Sprache zu bringen. "Selbsterkenntnis ist dasjenige, was dazu führt, dass wir eine transparente seelische Identität ausbilden und dadurch in einem empathischen Sinne zu Autor und Subjekt unseres Lebens werden können. Sie ist also kein frei schwebender Luxus und kein abstraktes philosophisches Ideal, sondern eine sehr konkrete Bedingung für ein selbstbestimmtes Leben und damit für Würde und Glück."

Selbsterkenntnis ist die Quelle von Freiheit und damit von Glück, und das hat Folgen für das Verhältnis zu den Anderen. Um Andere als Andere zu achten und in ihren eigenen Bedürfnissen respektieren zu können, muss ich sie als Andere erkennen. Das aber geht nur, wenn ich weiß, wie ich selbst bin.
"Menschen, die sich mit sich selbst auskennen, begegnen sich anders als solche, die keine Übersicht über sich besitzen. Die Begegnungen sind wacher, sorgfältiger und interessanter. Auch deshalb ist Selbsterkenntnis ein hohes Gut."

Über die Aneignung einer gemeinsamen Sprache bildet sich die kulturelle Identität einer Gemeinschaft, über die Bieri in seiner dritten Vorlesung nachdenkt. Für sie sei entscheidend, was ihre Mitglieder unter Denken und Vernunft, unter Wissen und Wahrheit verstehen. Unsere eigene kulturelle Identität ist aus der Aufklärung hervorgegangen. Das bedeutet nicht, dass man andere Kulturen, in denen etwa magisches Denken und mythische Elemente eine Rolle spielen, nicht achtet. Doch: "Bildung besteht auch hier darin, das Fremde als solches zu kennen und anzuerkennen, um sich dann ausdrücklich mit denjenigen Mustern des Denkens und Handeln zu identifizieren, die das eigene Verständnis von Vernunft definieren."

Kulturelle Identität ist, so verstanden, immer auch eine moralische Identität. Da sie, von der Aufklärung kommend, der Würde und der Vernunft verpflichtet ist, hat sie eine Verbindlichkeit, wie sie bei anderen kulturellen Identitäten nicht anzutreffen ist. Und das kann zu Konflikten führen. Denn moralische Einstellungen darüber etwa, was grausam ist, sind für denjenigen, der sie hat. absolut. Und deshalb ist es unmöglich, mich auf die historische Zufälligkeit meiner kulturellen Identität zurückzuziehen ( etwa so: man muss akzeptieren, dass es anderswo andere Maßstäbe gibt), auch wenn ich mir ihrer Kontingenz immer bewusst bin.
"Denn moralisches Handeln ist genau das: sich einmischen, wenn man von Grausamkeit erfährt. Und so ist jede gebildete moralische Identität mit einem inneren Widerspruch, eine Antinomie behaftet. Ich weiß von der historischen Bedingtheit meiner Anschauungen und also von ihrer Relativität, und doch kann ich nicht anders, als sie absolut zu setzen, denn sonst ginge die Ernsthaftigkeit meiner Überzeugungen verloren. Es ist dieser Zwiespalt, aus dem heraus man sich entschließen kann, einzugreifen, wenn nötig mit Gewalt."

Das alles ist eine Frage der Bildung und Bieri vergleicht sich bilden mit aufwachen, jeden Tag neu in einem nie abgeschlossenen Prozess der Frage danach, wer man sein möchte. "Die kulturelle Identität ist nichts Festes, Endgültiges. Das besondere an Kulturwesen ist, dass sie sich stets erneut zum Problem werden und die Frage aufwerfen können, wer sie sind und was ihnen wichtig ist. Und Bildung, richtig verstanden, ist der komplizierte Prozess, in dem es um die Beantwortung dieser Fragen geht."
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Von  Helga König Rezension bezieht sich auf: Wie wollen wir leben? (Broschiert)

Prof. Dr. Peter Bieri wartet in der Reihe "Unruhe bewahren" mit drei Vorlesungen auf.

Diese tragen die Titel:
Was wäre ein selbstbestimmtes Leben?
Warum ist Selbsterkenntnis wichtig?
Wie entsteht kulturelle Identität?

Der ersten Vorlesung kann man u.a. entnehmen, dass unser Leben dann selbstbestimmt ist, wenn wir es schaffen, es innen und außen in Einklang mit unserem Selbstbild zu leben- wenn wir es schaffen, im Handeln, Denken, Fühlen und Wollen der zu sein, der wir sein möchten. Die Selbstbestimmung gelangt an ihre Grenzen bzw. scheitert völlig, wenn zwischen Selbstbild und Realität eine Kluft bleibt, (vgl.: S.13).

Wer zur Selbstbestimmung gelangen möchte, muss einen inneren Umbau vornehmen. Das bedingt laut Bieri, Kulissenwechsel, neue Erfahrungen, neue Beziehungen, auch die Arbeit mit Therapeuten und Trainern. Das Gesamte sei ein Kampf gegen die innere Monotonie, gegen eine Starrheit des Erlebens und Wollens, (vgl.:S. 14).

Der Philosoph unterstreicht, dass Selbstbestimmung sehr viel damit zu tun habe, dass wir uns selbst verstehen, insofern sei Selbsterkenntnis dasjenige, das dazu führe, dass wir eine transparente seelische Identität ausbilden und wir uns aufgrund dessen zu einem "empathischen Autor und Subjekt unseres Lebens" entwickeln können. (vgl.: S.15). Wer im Denken selbstständiger und mündiger wird (das gelingt nur durch kritische Distanz zu sich selbst, d. h. indem man sein Denken immer wieder auf den Prüfstand stellt), wird lt. dem Autor auch wacher im Hinblick auf blinde sprachliche Gewohnheiten, die uns letztlich nur vorgaukeln, etwas zu denken, (vgl.S.17). Bieri erwähnt nicht von Ungefähr, dass so mancher grammatisch wohlgeformte Satz keinen echten gedanklichen Inhalt ausdrückt. Für ihn gilt deshalb, dass die Philosophie diejenige Disziplin sei, in der die Idee des Gedankens ernster genommen wird als in jeder anderen und insofern auch die Idee der Selbstbestimmung, (vgl.: S.18).

Mittels Selbstbeschreibung arbeiten wir, so der Autor, an unserer persönlichen Identität. Dies geschieht auch dann, wenn wir Unbewusstes mittels Sprache in das Bewusste überführen. Durch eine neue Beschreibung eines Erlebten, ist es möglich einen neuen Grad von Bewusstheit zu erlangen. Das bedingt beispielsweise verleugnete Gefühle in voller Klarheit zu erleben und hierdurch unsere seelische Identität zu wandeln.

Bieri reflektiert das erzählerische Selbstbild, und ihnen zugrunde Erinnerungen, die zu verständlichen Erinnerungen werden, wenn wir sie zu Wort kommen lassen. Sie bleiben nur ein Kerker, wenn sie sich keinen erzählerischen Ausdruck verschaffen können, nur dann besitzen sie den Geschmack der inneren Selbstbestimmung, nur dann belagern sie uns als Gegner, (vgl.: S.23).

Der Autor meint, dass für den Weg der Selbstbestimmung das Lesen literarischer Texte uns gedanklich ein Spektrum an Möglichkeiten eröffne, indem wir hierdurch erkennen, was es alles gibt. Noch mehr als das Lesen würde das Schreiben einer Geschichte dazu beitragen, über das eigene Leben zu bestimmen und es im Sinne einer klareren Identität zu verändern, (vgl.: S.25 ).
Es sei das Entdecken der eigenen Stimme und des eigenen Klangs, die es ermöglichten, uns zu verändern.

Bieri macht in der Folge auf einen wichtigen Moment aufmerksam, den er die moralische Intimität nennt. Dieser ereignet sich dann zwischen zwei Menschen, die sich nicht als auszurechnende Gegner sehen, sondern, die eine auf Loyalität begründete Beziehung zueinander haben. Solche Beziehungen gefährden die Selbstbestimmung niemals, sondern sie sind ihr natürlicher Ausdruck.

Wer selbstbestimmt leben möchte, muss lernen den Blick der Anderen auszuhalten.
Wissen muss man allerdings, dass das Bedürfnis selbst sein Leben zu bestimmen, mit dem Bedürfnis einhergeht, nicht manipuliert zu werden. Insofern geht es um Authentizität, "darum, nicht das zu leben und zu sagen, was andere uns vorleben und vorsagen, sondern das, was der Logik der eigenen Biographie entspricht",(Zitat: S.33).

Nachdem Bieri in seiner ersten Vorlesung verdeutlicht hat, was man unter einem selbstbestimmten Leben zu verstehen hat, geht er in der zweiten Vorlesung der Frage der Selbsterkenntnis nach. Diese setzt immer Achtsamkeit voraus. Bieri weiß, dass Selbstbilder stets anfällig sind für Selbsttäuschungen, die interessengeleitete Irrtümer über uns selbst darstellten. Das erläutert der Autor in Einzelnen sehr gut. Eng verwoben ist Selbsterkenntnis mit Selbstbestimmung und auch diese erklärt Bieri gut nachvollziehbar, auch dass es bei Gefühlen und Wünschen einen Zusammenhang zwischen Erkennen und Verändern gibt.

Die Erweiterung von Selbsterkenntnis deutet der Philosoph als einen Prozess, bei dem Unbewusstes ins Bewusste überführt wird. Selbsterkenntnis vermag zu wachsen, indem man nachdenkt und auch schreibt. Dabei sollte man sich bewusst machen, dass sie die Quelle von Freiheit und Glück ist. Selbsterkenntnis ist nicht nur für uns selbst wichtig, sondern auch im Hinblick auf den Umgang mit anderen, weil sie uns die Möglichkeit schenkt, mit diesen in moralischer Intimität zu leben. Bieri unterstreicht zum Schluss der Vorlesung, dass Menschen, die sich mit sich selbst auskennen, ihre eigenen Projektionen durchschauen und auch einfacher die Projektionen ihrer Mitmenschen erkennen, woraus sich ein besseres Miteinander herbeiführen lässt.

In der dritten Vorlesung beantwortet Bieri die Frage wie kulturelle Identität entsteht und verdeutlicht hier zunächst die Wichtigkeit von Sprache, die uns zu Kulturwesen macht. Für ihn ist die wichtigste Leistung einer Kultur das Verstehen und nur die Sprache befähigt uns zu hierzu. Kulturelle Identitäten werden durch das Empfinden von Nähe und Ferne zu anderen definiert, durch die Vorstellung von Intimität und Fremdheit, (vgl.: S.70). Bieri erklärt in dieser Vorlesung den Prozess der Aneignung der kulturellen Identität, die nie etwas Endgültiges sein kann, sehr facettenreich und verdeutlicht, auf welche Weise ein selbstbestimmtes Leben, Selbsterkenntnis und kulturelle Identität positiv zusammenwirken können und den Einzelnen zum Kulturwesen machen, dass aus dem Schatten blinder Prägungen hinaustritt und innerlich frei am Prozess der Bildung teilnehmen kann, die für uns alle von großer Bedeutung ist, weil nur sie uns frei macht.